Gone Girl

Date de sortie 8 octobre 2014 (2h29min)
Réalisé par David Fincher
Avec Ben Affleck, Rosamund Pike, Neil Patrick Harris...
Genre Thriller
Nationalité Américain


Bande annonce VOST :




Que pensez-vous de ce film ?

Ce film est probablement un des meilleurs que j'ai vus cette année ! Je l'ai purement et simplement *adoré*. Comme beaucoup disent, le scénario peut être qualifié (à juste titre) de tordu, mais il est très bien ficelé. Je suis particulièrement intéressée par le profil psychologique de la femme...


Un article qui répond aux accusations de Osez le Féminisme ( Lire leur article ICI ), concernant la dimension anti-féministe du film (ATTENTION, l'article contient de GROS SPOILERS -vraiment importants- concernant le film, ne lisez pas si vous ne l'avez pas vu) :



Aussi féministe que je sois, c'est là que je réalise que je ne partage pas toujours la même vision que cette association concernant certains points...

Spoiler:

J'ai beaucoup de critiques à faire à ce film d'un point de vue féministe, mais je suis pour autant en désaccord à peu près complet avec OLF (comme d'habitude, en fait ).
Je trouve très intéressant le fait de présenter un personnage féminin "fort", même dans sa folie (le personnage d'Amy fait quand même preuve d'un sérieux sang-froid, je pense notamment à la scène où elle se fiche un coup de marteau sur la gueule). Le film prétend représenter l'enfer paradoxalement séduisant du couple, il est logique que les personnages soient dépeints comme monstrueux.
Sauf que... en fait, il n'y a qu'Amy qui soit monstrueuse. Le mari (dont j'ai oublié le prénom) est, au pire, un gros lâche un peu bidon, au mieux un type sympa avec un syndrome de Stockholm.
Au final, ce n'est pas "le couple, cet enfer paradoxalement séduisant où chacun est un monstre" mais "le couple, cet enfer paradoxalement séduisant où un type ordinaire reste avec une psychopathe".
Un scénario que je trouve donc totalement... décevant, en fait. Parce qu'il tombe dans l'hollywoodisme et fait preuve de très peu de subtilité et de demi-mesure dans l'absolu, et que oui, effectivement, il tombe dans les clichés éculés du mec lâche et de la nana perverse.

Si ce n'était que ça, je vivrais avec sans problème, mais il y a le point noir absolu du film, qui est pour moi le traitement du viol.
Bon déjà, le traitement du viol au cinéma en général, c'est toujours n'importe quoi : il doit y avoir plus de fausses accusations de viol dans l'histoire du 7ème art que dans toute l'histoire du monde, sérieusement. Ensuite, même quand le viol est avéré, c'est toujours "l'inconnu dans une ruelle sombre", "le taré rencontré dans un bar", etc. Ce qui représente en fait 25% des viols réellement commis, les 75% restants l'étant par une personne connue de la victime (soit famille, conjoint, collègue, ami), le plus souvent sans aucune violence physique. La seule fois où j'ai vu quelque chose qui correspondait à cette réalité, c'était dans Mad Men.
Comme, sans être non plus LA grande spécialiste internationale, évidemment , je pense qu'on peut considérer que j'ai quand même vu quelques films dans ma vie, je me vois obligée de conclure que :
- J'ai vu deux scènes (je compte aussi la tentative de viol de Spike en S6 dans BtVS, maintenant que j'y pense) de viol qui correspondaient à 75% des cas.
- J'ai vu beaucoup de scènes qui correspondaient à 25% des cas, le viol avec violence par un inconnu.
- J'ai vu beaucoup de scènes qui correspondaient à une minorité de cas, la fausse accusation.
D'où je pense pouvoir conclure qu'il y a tout de même un gros problème de représentation de la violence sexuelle...

Pour en revenir à Gone Girl, Amy semble se spécialiser dans les fausses accusations de viol qui détruisent la vie de ses ex, comme on nous le montre en nous faisant pleurer sur le pauvre mec inscrit au fichier des délinquants sexuels alors qu'il n'a rien fait.
Même lorsqu'elle tombe sur un réel cas de violence (Neil Patrick Harris), elle doit apparemment en rajouter en racontant qu'il l'a attachée et sodomisée de force.
Le plus surprenant dans l'histoire, c'est que tout le monde la croit toujours : il lui suffit de se pointer devant les flics et de raconter les "faits", et ils la croient DIRECT et sans aucune culpabilisation (c'est pas "mais c'était votre copain, il n'a pas pu vous violer", "comment étiez-vous habillée", "vous êtes sûre que vous n'avez pas mal interprété les choses" et tout autre phrase malheureusement absolument typique de la tentative de plainte pour viol dans le premier commissariat venu). Bah non, Amy, elle a de la chance, dis donc. Parce que c'est comme ça, dans la vie : une nana dit qu'elle s'est fait violer, et on la met sur un piédestal de victime en gâchant la vie du pauvre bougre accusé qui ne peut rien faire pour se défendre, car la parole d'une Femme, ben c'est bien évidemment sacré et jamais remis en question. Pour le coup, ça fait vraiment "le monde vu par le pauvre type victime des vilaines femmes, bouhouhou" et oui, ça a un côté masculiniste.

Après, j'ai trouvé que le film se suivait agréablement (ce qui est loin d'être toujours le cas chez Fincher en ce qui me concerne, coucou Alien 3) et je l'ai vraiment regardé sans déplaisir.
Les acteurs sont bons, la réalisation est maîtrisée, c'est plutôt chouette.
Dommage que le propos sur le couple soit simpliste et que ça vire dans le cliché machiste sur la fin.

Je voulais réagir mais je suis à peu près d'accord avec Alys sur toute la ligne donc j'ai pas grand chose à rajouter.

Je tiens juste à insister sur le fait que le problème ne vient pas DU TOUT du fait qu'Amy soit une sociopathe. En soi, je trouve ça même très bien (voire franchement progressiste) que les personnages féminins ne soient pas glorifiés, un peu comme chez Lars Von Trier où l'on trouve le même genre de critiques, complètement injustifiées en l'occurrence car ses personnages féminins, s'ils sont névrosés, sont avant tout des êtres humains complexes. Dans Gone Girl, le point de vue est presque exclusivement celui du héros victime de sa femme et le développement de celle-ci s'avère rapidement décevant (dans sa caricature) à mon sens.

Tes réflexions sur le viol sont intéressantes, Alys, je n'y avais pas pensé !

Prune a écrit:

Après, j'ai trouvé que le film se suivait agréablement (ce qui est loin d'être toujours le cas chez Fincher en ce qui me concerne, coucou Alien 3) et je l'ai vraiment regardé sans déplaisir.

Prune a écrit:

la réalisation est maîtrisée, c'est plutôt chouette.

Ouais, pareil, notamment sur le rythme, bien menée, et la réalisation, moins extravagante que dans les Fincher des années 90, ce qui fait effectivement du bien. Il y a un vrai tournant chez Fincher ces dernières années : sur le plan formel, il confirme l'efficacité de The Social Network (mais ce dernier est à mon sens plus intéressant sur le fond).

Prune a écrit:

Les acteurs sont bons

Moins d'accord là-dessus. J'ai beaucoup aimé les deux actrices principales (Amy et la soeur du héros) ; en revanche j'ai trouvé Ben Affleck à peu près aussi fade et inexpressif que dans la totalité de ses rôles (même si, du coup, il est plutôt convaincant dans ce rôle de pauvre gars dépassé), et j'ai trouvé NPH complètement à côté de la plaque du début à la fin, frôlant voire assumant franchement le registre parodique.
(par contre, j'ai de l'affection pour Affleck depuis ses propos sur l'Islam et les musulmans)

Ludo a écrit:

Je voulais réagir mais je suis à peu près d'accord avec Alys sur toute la ligne donc j'ai pas grand chose à rajouter.

Forcément, je suis tellement brillante

Citation :

Je tiens juste à insister sur le fait que le problème ne vient pas DU TOUT du fait qu'Amy soit une sociopathe. En soi, je trouve ça même très bien (voire franchement progressiste) que les personnages féminins ne soient pas glorifiés, un peu comme chez Lars Von Trier où l'on trouve le même genre de critiques, complètement injustifiées en l'occurrence car ses personnages féminins, s'ils sont névrosés, sont avant tout des êtres humains complexes. Dans Gone Girl, le point de vue est presque exclusivement celui du héros victime de sa femme et le développement de celle-ci s'avère rapidement décevant (dans sa caricature) à mon sens.

Oui, étrange de voir qu'on voit de la misogynie là où il y a presque du féminisme.
On a reproché la même chose à Verhoeven, d'ailleurs, qui fait à mon sens les meilleurs personnages féminins qui soient.

Citation :

Ouais, pareil, notamment sur le rythme, bien menée, et la réalisation, moins extravagante que dans les Fincher des années 90, ce qui fait effectivement du bien. Il y a un vrai tournant chez Fincher ces dernières années : sur le plan formel, il confirme l'efficacité de The Social Network (mais ce dernier est à mon sens plus intéressant sur le fond).

Oui, sauf que The Social Network, je me suis fait chier
Je trouve Gone Girl plus plaisant à suivre, car l'aspect éclaté dans le temps (propre à tout biopic) de The Social Network a tendance à lui donner un rythme trop effréné. Bon, faut dire que le script est de Sorkin, aussi, et que, dans ce cas précis, sa tendance à la sur-verbalisation n'aide pas.

Citation :

Moins d'accord là-dessus. J'ai beaucoup aimé les deux actrices principales (Amy et la soeur du héros) ; en revanche j'ai trouvé Ben Affleck à peu près aussi fade et inexpressif que dans la totalité de ses rôles (même si, du coup, il est plutôt convaincant dans ce rôle de pauvre gars dépassé), et j'ai trouvé NPH complètement à côté de la plaque du début à la fin, frôlant voire assumant franchement le registre parodique.

Ben je crois que c'est la première fois que je le vois quelque part et j'ai trouvé que son jeu correspondait bien au rôle... Après, s'il joue tout le temps comme ça, effectivement, bon
Pour NPH, son personnage est un total psychopathe et je suis en effet partie du principe qu'il y allait à fond dans le guignol. Je trouve surtout dommage l'exploitation qui est faite du perso, qui - il me semble - existe pour illustrer de manière paroxystique une tendance de couple à la "je veux que tu sois comme je te fantasme, peu importe ce que tu es ou penses vraiment" mais qui tombe au final plutôt à plat (et surtout, pourquoi recourir à un perso qui ne soit pas Affleck pour illustrer cette tendance-là ? forcément, ça écornerait son personnage de "bon gars meets sociopathe"^^).

Citation :

(par contre, j'ai de l'affection pour Affleck depuis ses propos sur l'Islam et les musulmans)

Voui, pareil

Prune a écrit:

Oui, sauf que The Social Network, je me suis fait chier

Citation :

et surtout, pourquoi recourir à un perso qui ne soit pas Affleck pour illustrer cette tendance-là ? forcément, ça écornerait son personnage de "bon gars meets sociopathe"^^).

Mais EXACTEMENT. Rien ne fonctionne autour du personnage de NPH, je trouve, et effectivement le propos aurait sans doute gagné en intérêt si certains aspects de sa personnalité avaient été incorporés au personnage d'Affleck.