Gilmore Girls

Euh. Bon. Je suis sincèrement désolé pour ce qui t'est arrivé. Mais chaque situation et chaque personne sont uniques, donc il me semble difficile de pousser très loin la comparaison.
Essayons d'en discuter rationnellement. Je n'ai rien "balayé d'un revers de la main". J'ai rappelé ce qui devrait être une évidence : les êtres humains sont des êtres complexes, contradictoires, pas des personnages de cartoon que l'on peut réduire à un seul et unique moment de leur existence. Dire cela n'exonère absolument pas les personnes des erreurs qu'elles ont pu faire.
Le fait est que n'importe qui peut déraper d'un moment à l'autre. Tout repose sur la capacité à se remettre en question et à prendre conscience de ce qu'on fait au moment où on le fait. En l'occurrence, il ne me semble pas que Jess ait fait quelque chose d'absolument impardonnable.

Buffy/Spike all over again. Ca fait des années qu'on fait le même procès à Spike. Quand j'étais ado et que je voulais défendre Buffy/Angel, je crois qu'il m'arrivait de me servir de la tentative de viol par Spike : c'était facile, gratuit ; nul besoin de développer un argumentaire, de tenter de comprendre la complexité d'une situation, quand on peut simplement faire de quelqu'un un monstre.

Manuel Valls disait, à propos des terroristes, que "expliquer, c'est déjà excuser". Je pense strictement l'inverse. Il faut parvenir à comprendre, précisément pour que ça ne se reproduise plus.

J'essaie d'être rationnel. Comme j'ai dit plus haut, je suis ravi de l'évolution de Jess, je lui souhaite d'être le plus heureux dans sa vie possible, le problème est que personnellement, au contraire de toi, je ne trouve pas cette situation pardonnable au point d'accepter qu'il puisse faire sa vie avec Rory. C'est compréhensible au point où ils en sont là, développer un bon rapport, et avoir une bonne amitié lorsqu'ils se rencontrent quelques fois par année. Je ne peux juste pas voir Rory en relation avec un homme qui a tenté de l'agresser par le passé. Ce genre d'événements nous marque à jamais. Ce ne serait pas lui souhaiter de la joie. 

Il y a une énorme différence entre Jess et Spike, à moins que tu viennes me dire que Jess n'a pas d'âme... 

Je suis totalement conscient que c'était un geste sur le coup de l'émotion et une erreur et heureusement, il n'a pas été jusqu'au bout, mais toutes les erreurs ont leur répercussions, et pour Jess, ça doit être de ne pas avoir son happy ending avec Rory, tout simplement.

À la limite, je serais heureux que Rory ne finisse pas avec Logan, mais avec Dean, Marty ou un tout autre nouveau personnage, je ne veux simplement pas qu'elle finisse avec Jess pour cette raison-là. J'estime avoir fait un bon pas d'ouverture d'esprit expliqué ainsi, non ? J'essaie vraiment de voir votre côté de la médaille, mais ça me bloque totalement, comme la situation qui a fait que j'ai cessé de shipper Chuck/Blair dans Gossip Girl il y a plusieurs années déjà.

Je me doute que si ça touche à quelque chose de personnel, Nick, ça génère cette réaction là de ta part, et j'en suis désolée...

J'espère du coup que mes propos ne vont pas heurter, mais si on reste dans le cadre de ce que la série nous a présenté, ils n'ont jamais évoqué de traumatisme de Rory quant à cet incident (pas que ça soit une raison de ne pas y prêter attention, mais il y a sûrement une raison à ce que les choses aient été abordées de cette façon). Je suis retournée voir la scène ( ICI ) parce que j'étais étonnée de ne pas avoir été marquée plus négativement que ça par ce moment, et je la trouve intéressante mais prise hors de proportion dans la manière dont elle est dépeinte... Tout le contexte se prêtait à ce que quelque chose arrive entre eux, mais Rory y a mis le hola au dernier instant non pas parce qu'elle n'en avait pas envie, mais parce qu'elle sentait que ce n'était ni le lieu, ni l'endroit, comme l'indiquent ses propos dans la seconde qui suit ("Not here ! Not now"). Tout ce qui suit porte sur la question du timing, pas sur le fait de savoir si elle le voulait ou non. Elle part en pleurant parce qu'elle est bouleversée par la manière dont Jess est fermé et distant avec elle, mais elle n'a jamais exprimé de traumatisme quant à ce moment, peut-être justement parce que ça n'avait pas lieu à en être un pour elle. C'est certes un dérapage de Jess qui aurait pu coûter beaucoup plus cher si Rory n'avait pas fait preuve de plus de fermeté face à lui, mais au-delà du fait qu'il n'a pas entendu tout de suite son souhait de ne pas aller plus loin en de telles circonstances, il a aussi tout de suite percuté quand il a réalisé qu'elle y était opposée.

Là, en l'état des choses, on nous l'a présenté comme une limite qui à partir d'un certain stade *a* été dépassée et où elle a dû stopper la chose brutalement, elle a exprimé un non-consentement que Jess n'a pas écouté dans la seconde où elle l'a exprimé, mais cet incident n'a pas eu de répercussions chez elle, peut-être justement parce qu'il n'y avait pas lieu à ce qu'il y en ait, vu comment ça s'est passé. Son désaccord dans cette scène est porté sur l'endroit et le moment (elle est notamment axée sur la peur que quelqu'un entre dans la chambre à tout moment), mais pas sur le principe en lui-même.

Jess a eu *tort* de ne pas tout de suite s'arrêter, mais la scène est plus complexe que ce que le gifset (pour prendre cet exemple) essaie de faire croire.

C'est difficile de parler de ce sujet, d'une part parce que la question du consentement en elle-même est complexe (en droit, c'est justement un vrai casse-tête), et d'autre part parce qu'il est difficile d'analyser ce genre de scènes où beaucoup de facteurs entrent en compte, et que rien n'est tout blanc, ni tout noir. Dur aussi d'en parler sans passer pour le grand méchant loup... J'ai conscience que c'est très casse-gueule d'en parler de cette façon, chacun le jugera différemment selon sa sensibilité, mais très honnêtement, moi qui suis facilement irritée sur ce genre de sujets (pour une raison un peu différente de la tienne), cette scène me semble avoir été un peu prise hors de proportion...

Maintenant, c'est mon sentiment sur la scène. Je ne dis pas que tu n'es pas légitime à te sentir comme tu te sens face à la scène. Mais ce n'est en tout cas pas la manière dont je l'ai approchée...