Ma review en bonne et due forme (pour Sens Critique à la base, pardonnez du coup les répétitions avec ce que j'ai pu dire plus haut) :
Un immense coup de coeur pour moi.
Je me suis énormément attachée à chacun des personnages de la famille (avec une préférence pour Olivia, Nell et Theo). Il faut aimer le genre, il faut aimer le rythme, de même que la manière dont c'est très axé sur l'émotion —c'est évident que ça ne plaira probablement pas à tout le monde (même si embourbée dans ma propre émotion, je suis en mode "noooooon" #heartbroken4life
). L'histoire est particulière à tellement de niveaux que ça ne parlera probablement pas à tous.
Mais personnellement, ce que j'ai tellement aimé dans mon visionnage de la série, c'est cette danse entre réel et irréel, entre ce qui était vrai pour les personnages et vrai pour le reste du monde, et j'ai eu l'impression de lire un très long poème, déroulé sur dix épisodes, avec des réflexions de fond qui m'ont profondément touchée. Sur les thèmes de la mort, de l'amour, des peurs (entre autres choses). Et au centre de tout ça, des liens beaux, imparfaits, entre les membres d'une famille qui se débattaient —chacun— contre leurs propres démons. Contre des fantômes devenus des projections de quelque chose de plus profond. Ils se réunissent autour d'un drame qu'ils auront tous vécu puis géré différemment.
Il y a une dimension presque lyrique dans la façon dont la série approche son histoire. Le visuel est magnifique, les plans sont superbes (l'épisode 6 est époustouflant), et là aussi, on retrouve une belle poésie. C'est très bien fait. Et je ne les ai pas remarqués au premier visionnage, mais on voit en *permanence* des fantômes, en arrière-plan.
Cette série reste truffée de mystères, parce que —si on cherche à trancher— on ne saura jamais vraiment si ce que cette famille a vécu relevait du surnaturel ou de la maladie mentale. Elle se déroule de sorte à ce que les deux options puissent se tenir. C'est un choix astucieux, parce que chacun peut y trouver son compte. (Évidemment, si on veut garder les pieds 100 % sur terre, une famille entière ne pourrait pas être frappée par la maladie mentale de cette façon, en même temps et de la même manière ; à moins qu'un produit dans les murs de la maison les aient tous menés à la folie, une théorie évoquée par certains fans, en rapport avec les travaux que faisaient Hugh dans le sous-sol de la maison. Mais c'est une série fantastique qui est là pour sublimer des émotions, des sentiments, alors on s'en fiche un peu finalement de ce qui serait le plus plausible de croire).
Pour ma part, je n'ai pas envie de me faire un avis définitif sur la question, parce que l'histoire m'a transportée, par sa poésie, ses mystères, et je ne ressens pas le besoin d'avoir une réponse. La série approche les fantômes comme des projections/représentations des peurs et désirs des personnages (un peu à la manière d'un Tulpa), et cet entre-deux me suffit.
"A ghost can be a lot of things. A memory, a daydream, a secret. Grief, anger, guilt. But, in my experience, most times they're just what we want to see."
— Steven Crain
J'aime énormément la façon dont la série traite du sujet des dépressions de Nell et d'Olivia, et des conséquences de leurs départs. On finit dans des particulières "dark place" avec leurs histoires respectives. L'approche du deuil également, m'a particulièrement touchée. Mike Flanagan avait répondu par l'affirmative sur la question de savoir s'il avait envisagé chacun des enfants Crain comme représentant une étape du deuil (Steve représenterait le déni, Shirley la colère, Theo le marchandage, Luke la dépression et enfin Nell l'acceptation). Je pense que tous ont au moins deux de ces traits, mais leur rôle narratif (en rapport avec la maison) colle effectivement avec chacune de ces distinctions.
Une de mes plus belles expériences de visionnage. Je prends un grand plaisir à la revoir.
À voir ce que donnera la saison 2...