J'ai un petit faible pour ce genre de storylines qui ont tendance à particulièrement me toucher/fasciner pour avoir été proche du sujet dans ma vie personnelle, et je pense que les écritures qui m'ont le plus marquée à ce niveau sont les suivantes :
DEAN WINCHESTER (Supernatural)"
That’s one deep, dark nothing you got there, Dean. Can’t fill it, can you? Not with food or drink. Not even with sex."
Oh Mother Earth, il me brise le coeur... Je pense que c'est le premier exemple qui me vient en tête quand je pense au sujet. Parce que le personnage de Dean se traîne littéralement depuis le début de la série avec un souci important de dépression et d'absence d'estime de soi. Il est juste... vide à l'intérieur. C'est abordé à plusieurs reprises dans la série, de manière plus ou moins marquante, mais il a clairement des tendances suicidaires et une vision de son avenir pessimiste. En gros, il ne voit que la mort au bout, rien de très joyeux et positif... Tout a trouvé son origine, je pense, dans la mort de sa mère et la maltraitance émotionnelle et morale dont il a été victime ensuite de la part de son père, qui l'a basiquement forcé à prendre toutes les responsabilités et à être fort, avec une éducation proche de la maltraitance, à "la dure". C'était juste lâche et injuste pour Dean... Je crois que rarement l'histoire d'un personnage m'aura autant brisé le coeur. Je pense que le seul point salvateur dans sa vie aura été de veiller sur son frère. Comme il le dit lui-même dans la série, veiller sur son petit-frère est devenu son job, et finalement, c'est cette mission qui l'a maintenu en vie. D'où la codépendance malsaine qui s'est installée... Dean n'a jamais rien fait pour lui-même, pas réellement. Il continue juste d'avancer comme un automate, profitant des plaisirs de la vie (alcool, sexe, nourriture), attendant que la mort (ou pire) vienne un jour (inévitablement) le faucher.
Enfin, jusqu'à un certain point... Les dernières saisons ont travaillé tout ça et la rencontre avec Cas a bousculé quelques petites choses à ce niveau je pense (voir plus bas).
CASTIEL (Supernatural)"
You are broken, Castiel".
Voilà un autre personnage qui me brise le coeur... On a assisté à une lente spirale descendante dans laquelle le personnage est progressivement tombé... Le personnage de Castiel a quitté le Paradis avec des certitudes et a fini sur Terre avec des doutes, et l'apprentissage d'un libre-arbitre qui a finalement remis en question tout ce sur quoi sa vie et son existence s'étaient basées. Dean, plus particulièrement, a complètement bousculé son monde. Il avait toujours été un soldat, et a dû s'affranchir de cette manière de penser pour finalement se poser les bonnes questions. Sauf que dans le processus, il a voulu faire les choses bien pour le Paradis, pour la Terre, et... well, comme on dit, l'enfer est pavé de bonnes intentions. Il s'est souvent mis le doigt dans l'oeil, et a perdu dans le processus toute estime de lui-même. On voit dans la période de la saison 7, quand il perd la tête parce qu'il a récupéré les souvenirs de l'enfer de Sam, que sa vraie nature ressort : Cas est quelqu'un qui déteste le conflit, un amoureux de la nature, qui aspire à se connecter aux autres et est pacifiste.
Allant d'échecs en échecs, il a complètement détruit sa santé mentale et son estime personnelle. Au point de rester volontairement au Purgatoire en saison 8. D'avoir tellement mal que sa peine s'entendait à des kilomètres pour les anges en saison 9 (même si je pense que c'était en grande partie dû au fait qu'il avait mal du rejet de Dean). D'accepter de se faire posséder par Lucifer en saison 11. De proposer à Dean de mourir avec lui en fin de saison 11 (alors que ça n'apportait rien, c'était seulement parce qu'il ne supportait pas de laisser Dean mourir, surtout seul). Et il tue la faucheuse en saison 12 en sachant pertinemment qu'il risque de subir des conséquences graves, pour qu'aucun des Winchesters n'ait à mourir sous sa main.
Castiel est un personnage brisé, qui commence à remonter légèrement la pente en saison 12, et la saison 13 nous a offert des scènes bijoux dans son face à face avec sa dépression :
- Spoiler:
La différence avec cet épisode, c'est que Castiel répond. Il se bat en retour, et commence à prouver qu'il a envie de vivre, et il se reconnaît une importance aux yeux des Winchesters (ils lui ont prouvé qu'ils étaient prêts à mourir pour lui et qu'il était de la famille). Cas est en lutte contre ses pensées les plus négatives qui sont matérialisées dans l'épisode de manière intéressante. Y compris sa peur du rejet de ses sentiments, par rapport à Dean.
Et je me permets cette parenthèse sur
DESTIEL :
(Ce moment où Cas réalise que Dean ne l'abandonnera pas
).
Je pense que c'est une des raisons pour lesquelles la relation de Dean et Castiel me touche tellement. Et pourquoi elle est si importante dans la série. Car leurs dépressions respectives se rencontrent à plus d'un niveau, et ils sont mutuellement ce qui leur permet de se raccrocher à quelque chose. Comme la saison 13 le montre à merveille jusqu'ici, Castiel incarne un peu ce que Dean avait d'espoir et ce qui lui a permis d'avancer dans les dernières années depuis leur rencontre. Car Castiel a montré à Dean qu'il méritait d'être sauvé. Qu'il méritait que quelqu'un le mette en permanence en première position (Dean à Cas : "
You gave up an entire army for one guy", il est très conscient de ce que Cas est prêt à faire pour lui). Cette transition entre les deux scènes finales dans le 13x04 était une parfaite visualisation de la chose, entre Dean qui perd Cas = perd tout espoir/lumière, et Cas qui surmonte ses pensées noires = revient vers la lumière :
- Spoiler:
Je pense que le "bond" si fort, dont on parle si souvent, entre les personnages, vient aussi simplement de la manière dont ils arrivent à se connecter sur leurs parcours personnels, qui sont devenus TRES liés après leur rencontre. On est passé de "
You don't think you deserve to be saved" dans le 4x01, à Dean posant toute sa foi en Cas, le priant et l'appelant en permanence. Que Dean PRIE, et que Cas soit LE destinataire de ses prières (toutes les nuits, disait-il au Purgatoire), montre à quel point Cas a été un facteur essentiel dans ces dernières années. Donc ouais, Cas a été la personnification, en quelque sorte, de tout ce en quoi Dean s'est mis à croire, de toute la foi/confiance qu'il pouvait poser, et lui permettre de penser qu'il méritait quelque chose, finalement... D'où le fait qu'il perde complètement pied en saison 13 (avec les sentiments qu'il a pour Cas dans le lot).
De la même façon, les Winchesters, et notamment Dean, ont prouvé à Cas qu'ils étaient prêts à mourir pour lui. Mais jusqu'en saison 12, Cas avait encore du mal à sortir de sa self-dépréciation et ne se pensait méritant de rien. Car mine de rien, Cas est un personnage qui donne sans compter et sans prêter attention à ses besoins, dans un altruisme le plus pur, et son humilité face aux autres, à ce qu'ils pourraient lui accorder d'amour et d'attention, me brise le coeur. Se reconnaître de la valeur est une étape qu'il a du mal à passer. Mais on le voit commencer à aller dans cette direction en saison 12, toujours (!!) avec Dean en motivation, mais également lui-même désormais :
Je me suis permis cet aparté sur Destiel parce que je pense que les deux personnages jouent beaucoup sur le psychologique de l'un et de l'autre. Même si personne ne peut les sauver réellement s'ils ne se sauvent pas eux-mêmes d'abord, mais disons qu'ils sont un leitmotiv mutuel, qui les raccroche à ce qui les maintient en vie (ou dans le cas de Cas, ça peut être parfois l'inverse complet et l'inciter à tout donner pour Dean, même sa propre vie, en écho à son absence de self-worth et d'instinct de préservation).
REBECCA BUNCH (Crazy Ex-Girlfriend)
Je suis fascinée par le personnage de Rebecca et la manière dont ils l'écrivent. Elle a un sérieux problème d'anxiété et de dépression, un mal affreux à se reconnaître une quelconque valeur, et je trouve son background passionnant à cet égard, car ils donnent des bases intéressantes et des développements fascinants à son histoire, expliquant l'horreur de beaucoup de ses actions par sa condition mentale difficile.
ALLY MCBEAL (Ally McBeal)"
The real truth is, I probably don’t want to be too happy or content. Because, then what? I actually like the quest, the search. That’s the fun. The more lost you are, the more you have to look forward to. What do you know? I’m having a great time and I don’t even know it." -
Ally McBealJe sais que regarder la série, plus jeune, m'a souvent déprimée, car je me connectais beaucoup au personnage d'Ally et en sa quête de quelque chose qu'elle ne parviendrait jamais à obtenir, car avant de partir à la chasse d'une solution extérieure, le mal-être est avant tout ancré en elle... Ally cherche la perfection, l'idéal, mais rien, jamais rien, ne sera à la hauteur du monde imaginaire dans lequel elle s'est toujours réfugiée pour fuir la difficulté du monde réel. Elle voit des licornes, imagine toutes sortes de choses saugrenues, perd parfois totalement le contrôle de ses illusions qui deviennent de réelles hallucinations, et trouve dans ses rêveries une satisfaction que le monde réel ne parviendra jamais à lui offrir.
BUFFY SUMMERS (Buffy, the Vampire Slayer)Ah Buffy... Son désir de mort était déjà présent avant la saison 6, mais son retour, le fait d'avoir été arrachée du Paradis, a permis de développer une storyline que j'ai adorée la concernant. La saison n'y est pas allée de main morte qui plus est. De son incapacité à se connecter au monde des vivants, à ressentir l'envie de continuer à vivre, en sachant ce qu'elle avait perdu et ce qu'elle a retrouvé (la violence, le combat, les démons), on a pondu l'écriture de quelque chose de fort pour son personnage.
La distance émotionnelle grandissante avec le Scooby, tout au long de la saison, son rapprochement avec Spike, lui aussi coincé dans ce dilemme "ni vraiment mort, ni vraiment vivant", qui a fait qu'il a été la seule personne a réellement voir son mal-être d'aussi près, sauf que pris dans son propre mal-être et rejet de part et d'autre, son absence d'âme, il n'a pas eu les réactions adéquates face à une Buffy dépressive... Mais il n'empêche qu'il a été, je pense, le catalyseur à beaucoup de niveaux des émotions de Buffy, et que de sa propre manière étrange, sa présence physique, et son amour (même rejeté par Buffy) ont permis de la maintenir en vie au moins pendant un temps. Avec lui, elle n'avait pas à faire semblant.
Pour l'identification, j'ai trouvé ça vraiment très bien que les scénaristes et Joss choisissent de la faire passer par là. Elle a atteint le point le plus bas possible à cette période, et sa froideur, sa distance, faisaient froid dans le dos. Je trouve que la storyline a été très bien gérée.